Voyager à vélo à l’étranger : comment faire ?

J’accueille aujourd’hui Christophe, qui va nous donner son témoignage de voyager à vélo.

 

Voyager à vélo à l’étranger : comment ça marche?

 

Je monte, j’écrase la pédale gauche, la pédale droite. 2500 m, 3000 m ?

Les automobilistes sont arrêtés par des travaux. Les gens sont en dehors des voitures. Moi, je progresse. Une personne me shoot à bout portant avec son téléobjectif : une goutte de transpiration en gros plan.

Une femme m’ouvre un sachet contenant des prunes jaunes. Elle baragouine quelque chose dans une langue incompréhensible. J’y plonge la main et saisis un fruit au vol. Je hèle un « Xie xie »  (Merci) : je me sens regonflé, un large sourire revient s’afficher sur mon visage.

Chine, Sichuan, entre Ya’An (雅安) et Luding (泸定) : sur les plateaux tibétains en direction de Lhassa.

 

La parole est à Christophe, du blog Voyage Sur Le Fil, qui va vous faire découvrir le vélo en voyage, par ses mots :

 

Voyager à vélo : Pédaler = être tombé sur la tête ?

Je vais au boulot en vélo, et ça s’arrête là. Faire du cyclisme, ce n’est pas mon truc ! Pourquoi, alors, partir à l’étranger faire du vélo ?

Pour voyager lentement, voir les gens me sourire sur le bord de la route et échanger avec eux, pour se reconnecter à la nature : voir les oiseaux s’envoler dans les champs, sentir les odeurs, entendre les bruits… L’impression d’exister est intense.

Marginal, moi ?

Marginal = qui n’est pas dans la moyenne des voyageurs : donc faire du vélo et transpirer peut paraître bizarre, oui, je le concède.

Marginal = qui essaie de faire tout bizarrement : NON. Faire du vélo est peut-être, après la marche, la chose la plus naturelle.

 

Carnet de route, jeudi, dans un restaurant à Kangding (康定) :

Finalement, voyager tout seul c’est mieux cette fois-ci. Ce qui fait la différence c’est l’itinéraire, un chemin où l’on croise des habitants vivant dehors et content d’échanger un sourire et une salutation. C’est également se trouver sur des routes quelque peu touristiques où des gens ayant la même ambition vont dans votre sens ou dans l’autre.

Deux autres éléments importants : au restaurant, avoir un carnet pour parler à quelqu’un ; seul, avoir un livre pour écouter quelqu’un parler.

 

Voyager à vélo : La condition physique

Pas besoin d’être un surhomme pour pédaler !

La force est essentiellement dans la connaissance de soi-même. Connaître ses limites d’endurance aussi bien physiques que mentales est indispensable.

J’applique une technique identique, quels que soient mes voyages : j’expérimente la situation la pire. Je le fais à la maison où tout est plus simple si ça se passe mal.

Par exemple, en préparant mon voyage, j’ai fait un aller-retour de Toulouse au pont d’Espagne, dans les Pyrénées (1500 m d’altitude), sur un long week-end de trois jours. J’ai enfourché mon vieux vélo de course des années 80 pour parcourir 400 km et un peu de dénivelés sur trois jours.

À l’issue de cette expérience épuisante, je savais quelles étaient mes limites. Il fallait que je prévoie des étapes de 100 km maximum par jour.

Carnet de route, vendredi, après Kangding (康定), premier haut col à 4290 m :

Je viens de monter jusqu’à un autel, style stupa, et je me rends compte que chaque pas est difficile. Ce n’est pas les 40 kg du vélo et des affaires qui m’ont été difficiles à hisser, mais bien les 4290 m d’altitude !

Retrouver le punch

Les rencontres sur la route vous regonfleront.

Des gens vous encourageront, ils aimeraient bien faire comme vous !

Vous partagerez peut-être la même galère avec d’autres cyclistes, ce qui vous réconfortera énormément.

Carnet de route, mercredi, sur la route de Ya’An (雅安) Luding (泸定) :

Parfois, des gens sur le bord de la route me regardent. Je les salue, ils me renvoient un sourire. Ça me redonne de la joie et de l’énergie.

 

Voyager à vélo : Le mal de fesses

Chacun à sa recette de grand-mère pour soigner ou amoindrir cette douleur :

  • Se préparer une heure par jour pendant une semaine.
  • Porter un short rembourré, un cycliste
  • Opter pour une selle en gel
  • Pédaler ! Cela déleste le poids porté sur la selle
  • En dernier lieu, prendre un médicament anti-inflammatoire

Évitez à tout prix de suivre des conseils hasardeux, tels que « sous gonfler vos pneus » par exemple. Ce serait vous tirer une balle dans le pied !

Carnet de route, dimanche, sur la route de BaMei (八美) — DanBa (丹巴) :

Je commence à en avoir plein le dos de cette piste et aussi plein les poumons de cette poussière. Au kilomètre 65 la piste se transforme en route (cabossée). Cela va-t-il durer ? Je l’espère !

Quelques kilomètres après, elle redevient une piste en galets particulièrement mauvaise. C’est comme faire du vélo dans le lit d’une rivière : ça botte le c**.

 

Voyager à vélo : Quel équipement et accessoires?

Il est souvent difficile, voire impossible, de faire envoyer le vélo par la poste. Et ce à cause de sa grande taille. C’est un des équipements qu’il faudra acheter à destination.

Le vélo à choisir doit être confortable et solide :

  • Position de conduite agréable
  • Suspension à l’avant ; pour les chemins caillouteux
  • Dérailleur récent et passant bien les vitesses en montée : pour ne pas perdre votre élan
  • Freinage efficace : des patins font bien l’affaire et se réparent dans presque n’importe quel garage

Le reste de l’équipement est à prendre à l’avance. Car il est plus facile de trouver, à la maison, les adresses des bonnes échoppes. Voici une liste des accessoires du vélo :

  • 2 chambres à air
  • Un kit de réparation de chambres à air : colle, rustines, papier abrasif (et savoir s’en servir)
  • Démontes pneu en plastique. Optionnels, une petite cuillère fait l’affaire
  • Des patins et câbles de frein en rechange
  • Des outils : clés, pince, tournevis plat ou cruciforme, clés Allen, dériveur de maillon de chaîne
  • Une pompe à vélo efficace (4 bars minimum) : Rouler gonflé vous changera la vie !
  • Un éclairage puissant à l’avant et à l’arrière du vélo : à l’intérieur d’un tunnel obscur, une maigre lampe frontale ne suffira pas
  • Des sacoches de porte-bagages et des sacs plastiques : pour protéger vos affaires de la pluie
  • Une sacoche de guidon : pour mettre les papiers, la carte et la boussole
  • Une béquille pour le vélo
  • Un compteur de vitesse démontable : pour suivre votre progression en distance et en vitesse
  • Un grand cadenas solide
  • Des éléments pour le bricolage : scotch solide, corde, fil à pêche et aiguille

À cela, vous pouvez rajouter d’autres équipements. Mais un vélo trop lourd sera d’autant plus difficile à hisser dans les montées. Dans les descentes, trop de poids sur le porte-bagages vous donnera la sensation très désagréable d’un vélo élastique et moins contrôlable.

Carnet de route, jeudi, à Kangding (康定) :

Je passe à la poste pour expédier quelques-unes de mes affaires trop lourdes et inutiles : 2 polaires, 4 livres, je mutile mon Lonely Planet pour n’en garder que les informations sur la région du Sichuan, d’autres éléments divers. Au total 5 kg. La poste refuse d’expédier tout ceci en France ! Je remballe donc mes affaires que je traînerais jusqu’au bout.

 

L’habillement

De même que pour l’équipement du vélo, trouvez vos vêtements avant de partir.

Une liste pour ne rien oublier :

  • Un dossard fluorescent
  • Un casque aéré 
  • Des gants : pour protéger des chutes, ou du froid en altitude
  • Un short rembourré, de type « cycliste »
  • Des lunettes de soleil
  • Une pince à pantalon
  • Un foulard : pour se protéger de la poussière (pistes, mais aussi tunnels)
  • Une lampe frontale : en complément de l’éclairage du vélo
  • Veste imperméable et respirante avec capuche et aérations sous les bras
  • Pantalon imperméable
  • Chaussettes Néoprène : contre les projections de la roue avant
  • Des vêtements de rechanges

Carnet de route, mercredi au col de 4600 m après Rilong (日隆) :

Je me couvre bien puis je m’élance dans la descente. Le vent, le froid et la pluie me glacent le front et les doigts. Je m’arrête de nouveau pour passer la capuche sous le casque et pour enfiler mes légers gants en coton. Je reprends la route, mais le front m’est encore très douloureux. J’accélère le pas pour descendre et retrouver quelques degrés.

 

S’alimenter, et boire

Il faut toujours prévoir un peu de nourriture, même si vous mangez dans des restaurants.

Le vélo consomme beaucoup de votre énergie et le coup de pompe est vite arrivé. Les barres céréales, les fruits secs et les noix sont à la fois des aliments énergétiques et légers (en poids).

L’eau est primordiale. Prévoyez, au minimum, deux litres d’eau par jour. Mais cela peut augmenter jusqu’à quatre litres, suivant la sudation.

Carnet de route, Vendredi, de retour à Chengdu (成都), sur le pèse-personne :

Je me pèse : 53 kg. J’ai donc perdu 4 kg en dix jours. Et mince ! N’ai-je pas mangé assez avec mes noix et fruits secs ? Je m’en veux. J’aurais bien aimé gagner du poids et du muscle au cours de cette échappée.

 

Pharmacie :

Il faut pouvoir soigner les chutes : blessures, mais aussi hématomes

Les muscles et les tendons sont très fortement sollicités. Une crème minimisant les tendinites est un bon atout.

Un anti-inflammatoire pourra combattre les douleurs causées par la selle : le dos ou les fesses.

 

Préparer son itinéraire et s’orienter

Le mieux est de trouver des cartes détailles, à une échelle de 1:100 000, indiquant l’altitude. À titre de comparaison, une carte routière classique de la France est au 1:1 000 000.

Les deux étalons de mesure pour planifier chacune des étapes sont la distance et le dénivelé.

En Chine je n’avais trouvé qu’une carte au 1:4 000 000 avec un vague tracé de l’altitude. Je me suis donc aidé de Google Maps pour les préparatifs.

Il est également intéressant d’utiliser Google Earth, qui permet d’afficher le profil des dénivelés.

Prévoyez des jours de pause pour vous reposer. Une fois sur le vélo, si vous êtes en retard vous pourrez les utiliser pour tenir vos distances prévues.

Sur la route, le compteur de vitesse et la boussole permettent de se repérer à la fois en distance et en direction.

Il est important d’observer chaque jour votre progression par rapport à vos plans initiaux. Dans le cas d’une boucle, il faudra peut-être faire demi-tour, avant le point de non-retour, s’il devient évident que le circuit prévu est trop difficile à réaliser.

Carnet de route, mardi : SanJiang (三江) — Ya’An (雅安) :

Demain, ça va être l’épreuve du feu. Si je fais 50 km, mon tour du Sichuan est compromis, si j’en fais 100 c’est super !

 

Où dormir, où manger ?

Partir à vélo implique de quitter les grandes villes. C’est souvent là où s’arrête l’utilité des guides de voyage papier.

Pour obtenir ces informations, allez lire les expériences d’autres voyageurs sur les blogs ou sur les forums. Vous pouvez également poser la question à des locaux, via le Couch Surfing par exemple.

Généralement, si vous planifiez d’arriver dans une ville ou un village chaque soir vous serez assurés de manger et de dormir sous un toit. Que ce soit à l’hôtel ou au pire, sous un abri-bus.

Seul le repas du midi pourra être compromis. Pour parer à cette éventualité, il faudra prévoir la veille au soir une réserve d’eau et de nourriture plus importante.

Carnet de route, lundi, SanJiang (三江) :

Je m’arrête à SanJiang vers 19 h. Je trouve un jeune gars, Lei Xiao. Il m’amène à un hôtel par une petite route. Je flippe !

 

Sécurité, détresse

Pensez toujours à avertir vos proches de vos plans ! Et de les tenir régulièrement informés.

Ainsi s’il devait vous arriver quelques mésaventures, les secours pourront vous porter assistance plus rapidement.

Achetez une carte téléphonique ou une puce à mettre dans votre téléphone portable. Les communications à l’international sont coûteuses, mais ne faites pas cette économie-là.

Carnet de route, dimanche, sur la route de BaMei (八美) — DanBa (丹巴) :

Mon ami JingRan étant rentrée en France, c’est à son grand-père, YeYe, que je dois faire mon rapport quotidien. YeYe ne parle pas autre chose que le chinois ; pour lui faire comprendre où je suis et où je vais, c’est épique et plutôt marrant.

 

Et vous ?

Voyager avec la petite reine vous démange ?

N’hésitez pas à venir découvrir mon blog et mes conseils pour voyager sur le fil ;).

 

2 réactions sur “ Voyager à vélo à l’étranger : comment faire ? ”

  1. Julien@Voyage Afrique du Sud Réponse

    Merci pour ce descriptif super complet… J’ai longtemps rêvé faire un tour du monde à vélo mais je ne me suis jamais lancé! Maintenant avec des enfants c’est plus compliqué mais quand ils seront plus grands pourquoi pas. As tu croisé des familles à vélo?

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